Obésité : vivre ou manger les pissenlits par la racine?
Par Dany Milette
J’ai une tante dont la gourmandise et certains facteurs génétiques possiblement impliqués, l’ont mené à souffrir d’obésité morbide au cours de sa vie. Il fut un temps qu’elle avait déjà fait de très gros efforts pour bien réussir à perdre énormément de poids et pour retrouver une bonne ligne en s’alimentant sainement. Suite à cette perte de poids, elle avait dû subir une opération du tablier qui a pour but d’enlever l’excédent de peau dans la région du ventre. Il ne lui restait plus qu’à garder ses saines habitudes en place afin d’avancer dans le bon sens après tout cela. Hélas, au lieu de continuer à se battre intérieurement pour sa santé, ses démons intérieurs ont eu le dessus sur elle en attirant son esprit vers une tentation culinaire encore plus malsaine.
Qu’en est-il du résultat?
Elle a repris tout le poids perdu et plus encore… À la place de prendre l’initiative de régler le problème pour de bon lorsqu’il en était encore temps, malgré même les nombreuses mises en garde des médecins, elle n’a rien fait pour s’en sortir. Qu’est-ce qui l’a mené à se créer son propre enfer en devenant prisonnière de son propre corps? Oui l’abus de nourriture malsaine pourrait servir de première source à ce problème, mais derrière tout ça il se cachait la vraie source du problème qui était encrée en elle et ça, je ne sais pas du tout ce que ça pouvait être.
Je me rappelle lorsque j’étais enfant le regard que les gens portaient sur elle, les mauvaises remarques que les gens disaient face à son corps qui ne passait guère jamais inaperçu. Que dire des commentaires venant de certains jeunes de mon village qui s’amusaient à l’insulter? Lorsqu’ils passaient devant elle à bicyclette, ils la traitaient clairement de grosse torche pendant qu’elle était assise dehors sur sa grosse chaise en bois. Même certains membres de ma propre famille pouvaient être extrêmement cruels et blessants par leurs paroles en son égard. Ça me rendrait triste intérieurement d’être parfois témoin de tout ça.
Dans mes lointains souvenirs, je me revois encore en train de manger des biscuits chez ma grand-mère. Ma grand-mère m’interdisait de donner des biscuits à ma tante qui était assise juste en face de moi dans la cuisine, car elle se devait de maigrir. Elle les fixait du regard ces biscuits… Une fois que ma grand-mère était sortie à l’extérieur de la maison, ma tante espérait que je lui donne en cachette un de ces fameux biscuits au thé, mais j’écoutais fermement les dires de ma grand-mère pour le bien de ma tante. Ce n’est pas évident lorsque tu es haut comme trois pommes de dire à ta tante que tu ne peux pas lui en donner parce qu’elle est trop grosse et qu’elle se doit de maigrir. J’ai pris le pot de biscuit, je l’ai remis dans l’armoire et elle s’est mise à pleurer vivement comme un enfant. Lorsque j’analyse ça, c’est exactement comme un toxicomane qui est en manque de drogue…
Je me rappelle un accident qu’elle avait eu lorsqu’elle est tombée au sol directement sur un moteur à bateau dans la cour arrière de sa maison. L’hélice lui avait tranché la jambe profondément… Bref, les deux ambulanciers étaient incapables de la soulever, il a fallu l’aide de plusieurs voisins. Vous imaginez la scène? Faut-il attendre de ne plus être en mesure de s’essuyer le derrière lorsque l’on va à la toilette et d’être qu’un amas de gras de plus de 400lbs pour réaliser qu’il y a un sérieux problème qui met en danger sa propre vie? Désolé si cela peut choquer face à mon expression, mais c’est la triste réalité des choses. Elle avait pourtant le choix de choisir sa propre voie : maigrir ou mourir. C’est vraiment triste une vie misérable pareille, mais son enfer sur terre elle se l’est créé elle-même. Petit à petit, tout cela a réellement fini par la tuer. Elle est décédée suite à un AVC à l’âge de 45 ans.
Est-ce que sa mort a pu réussir à sensibiliser quelqu’un autour?
Ma mère à cette époque avait un bon surplus de poids et elle avait tout comme sa sœur une bonne fourchette assez solide. S’investir avec une saine alimentation en appliquant des diètes était constamment vouées à l’échec. Les tentations prenaient toujours le dessus. Elle finissait toujours par reprendre le poids perdu. Elle avait elle aussi ses propres démons intérieurs et ses problèmes de vie qui selon elle, c’est ce qui lui faisait manger ses émotions. Pensez-vous que la mort de sa sœur lui a servi de leçon pour continuer de mener un solide combat pour une meilleure qualité de vie?
Pendant qu’elle aurait pu y mettre plus d’ardeur pour entretenir sa santé, manger sainement, entreprendre comme option une mise en forme par l’entrainement ou une activité physique, elle a préféré choisir le même chemin que sa sœur qui l’a guidé exactement au même endroit critique. Vous n’avez pas idée à quel point ça fait mal intérieurement de regarder sa propre mère s’enfoncer de plus en plus creux, mais elle ne se rendait pas compte que des gens autours souffraient de la voir aller ainsi. Comment voulez-vous encourager quelqu’un à maigrir qui ne se donne plus les moyens pour s’en sortir? Plus elle s’enfonçait, plus elle grossissait et plus la mort la guettait de très près.
Je retiens mes mots car présentement ça bouillonne trop au fond de moi-même. Je m’imagine encore à 16 ans lorsque j’avais acheté ma première voiture sport, une Ford Probe 1990. Ma mère m’avait aidé financièrement pour que je puisse l’acheter et elle l’utilisait également. Bon, comme de raison je n’ai pas eu la chance de la conduire très longtemps, car ma mère était trop grosse et inconfortable pour la conduire. C’était assez gênant d’aller au restaurant avec elle et de constater qu’elle n’arrivait plus à s’assoir sur une banquette. Elle avait du mal à passer dans les tourniquets à l’entrée des magasins. Juste traverser la rue pour se rendre au dépanneur de mon village était une dure épreuve physique… J’aurais tellement de choses à vous raconter, mais ça devient difficile de m’exprimer. Ce passé fait surgir à la surface plein d’émotion négative. Un passé que je préfère laisser loin derrière quand j’y repense. Si ma mère est toujours vivante aujourd’hui, c’est grâce à une opération réalisée à l’an 2000 par le Dr Picard Marceau, un des pionniers de la chirurgie bariatrique, à l’hôpital Laval de Québec.
C’est certain que je suis heureux d’avoir encore ma mère, de voir qu’elle est à un poids beaucoup plus respectable et qu’elle a une meilleure qualité de vie aujourd’hui à 59 ans. Cependant, ce qui me rend toujours triste intérieurement, c’est de constater que malgré cette leçon de vie qu’elle aurait dû en tirer, elle a encore présentement une alimentation que je peux qualifier comme étant toujours médiocre avec ses mêmes damnées habitudes. Ça m’enrage noir!
Le résultat de la chirurgie bariatique qu’a subi ma mère, a pu servir d’inspiration et motiver d’autres personnes souffrant de problèmes de santé similaires liés à l’obésité afin qu’ils se fassent également opérer. Ce sont des personnes que je connais de proche et de loin. La grande majorité parmi eux mène aujourd’hui une nouvelle vie et ils sont vraiment très heureux/heureuses. Par contre deux personnes que je connais n’ont pas eu cette chance de connaitre ce bonheur.
Ma mère avait rencontré Robert afin de lui parler de cette opération. Il était vraiment impressionné de voir à quel point elle était rendue mince et en meilleure santé. Cette rencontre lui avait donné beaucoup de positif afin d’entreprendre les mêmes démarches pour subir cette opération et c’est ce qu’il a fait en allant rencontrer les médecins spécialistes de l’hôpital Laval de Québec. Cependant, lorsqu’il a reçu son appel de l’hôpital afin de lui confirmer la date de son opération, il a eu peur et il a refusé d’y aller. Quelques semaines plus tard, Robert a été retrouvé mort! Certains m’ont raconté que ça serait son petit garçon de 4 ans qu’il l’aurait semble-t-il trouvé mort dans son lit. Il avait seulement 31 ans et il était père de 2 enfants. Avoir eu le courage de surpasser cette peur, il serait sans doute toujours vivant aujourd’hui.
Je tenais aussi à vous parler de mon amie Guylaine que j’ai tellement voulu aider. J’ai dû prendre mon courage à deux mains afin de pouvoir lui parler avec les bons mots de sa condition de vie, du côté hygiénique qui était très délicat à aborder avec elle et de lui faire prendre conscience qu’elle se devait que les choses changent pour le bien de sa santé. Je lui ai parlé de ma mère et de l’opération dont elle avait eu recours. Je lui ai proposé de rencontrer ma mère afin qu’elle puisse lui raconter son histoire personnelle de vie dans un but de lui venir en aide et elle était ravie de cette idée.
Suite à cette rencontre avec ma mère, Guylaine avait entrepris les démarches afin de se faire opérer. J’avais tellement hâte de voir ce changement autant physique que moral que cela pouvait transformer en général et surtout de la voir heureuse. Ce qui me tue par en dedans, c’est qu’elle n’a pas passé au travers de l’opération. Il y a eu des complications et elle est décédée à l’hôpital Laval de Québec en 2006. Elle avait seulement 43 ans! Même aujourd’hui en vous racontant cela, ça me chavire complètement car j’ai l’impression d’avoir la tête remplie de tourments…
La chirurgie bariatique peut être perçue comme une voie plus facile comparativement à ceux qui se donnent les moyens de perdre du poids en travaillant très fort en appliquant une saine alimentation et un entrainement exemplaire. Dans les deux cas, des vies peuvent être sauvées mais certains choisissent tout de même le chemin le plus long et le plus difficile afin d’y parvenir. On retrouve de magnifiques exemples de gens qui ont su se prendre en main dans le cadre des émissions de télévision comme : Qui perd gagne?, Kilos mortels et Maigrir ou Mourir. Si eux sont capables d’y arriver, c’est une preuve que c’est réellement possible! Pendant que certains se défoncent au gym uniquement pour un résultat physique, d’autres se défoncent corps et âme pour leur santé, pour vivre! Ça m’inspire énormément de voir des personnes aussi déterminées.
J’espère que ce témoignage pourra servir afin de sensibiliser le plus de gens possible et en espérant que tout cela pourra éveiller des consciences! Santé à tous!